58 - Régine

Elle faisait penser à une mère maquerelle.
 
Elle avait, jusque dans son extrême vieillesse, des allures de tenancière de bordel.
 
Avec ses dorures dans la chevelure, son maquillage de chouette, son parler franc, elle n’avait peur de personne. Pas même des intrus et des malotrus qu’elle recevait d’un verbe cru.
 
Ses mots étaient chargés du plomb de ses pensées légères.
 
S’adonnant à de l’art douteux, elle menait une vie de paillettes, semée de quelques pépins, sous le ciel de Paname.
 
Et se faisait une gloire de ses soirées de cirque. Ce qui, à ses yeux, donnait un sens à son destin de cotillons.
 
Elle scintillait de ses feux factices et de ses fards authentiques. Et éclairait le monde comme une lune rutilante, trônant au coeur de ses nuits pleines de néons et de néant.
 
C’était un oiseau de ville à la gouaille de gaillarde, un hôte clinquant des quartiers d’artifices, une flamme de toc et de paille s’allumant au crépuscule et s’apaisant à l’aube.
 
Elle s’apparentait à une fleur artificielle de Paris, un peu défraîchie, trainant ses couleurs frelatées sur le pavé des éternelles illusions.
 
Elle faisait tourner les têtes, les serviettes et les assiettes. Son business florissant a fait la légende de la capitale, de mémoire de touristes !
 
Elle fut la reine de la France nocturne, l’asile des pigeons de la Tour Eiffel, la providence des fêtards fouettards, le dernier refuge des noctambules qui ondulent...

Bref, la poire pour le soir, la chaleur au bout de la rue, la lumière dans le noir, c’était Régine.

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