53 - Léonard de Vinci

(D'après un tableau du peintre Aldhéy)

Dans son regard d’enfant les reflets qu’on y voit sont pareils à ceux de n’importe quel galopin.
 
Quel que soit le siècle, le sang ou le rang, l’âge puéril fait briller les mêmes diamants dans les têtes.
 
Celui-là, comme les autres, ne songe qu’à des bagatelles de son âge. Tantôt inaccessibles, tantôt à portée de bouche. Ou de griffes.
 
Ses plus chères idées fixes dansent devant ses yeux : des noisettes par milliers, quelques ailes de papillon à arracher et deux ou trois sorcières hideuses en guise de père Fouettard...
 
Pour la gourmandise, pour la cruauté et pour se faire peur.
 
Folies ordinaires d’un gamin qui ignore encore que demain, il créera des rêves pour le monde entier, suscitera l’admiration de la planète, allumera des flammes chez les plus grands esprits.
 
Non, ce gosse n’est pas différent de nous tous lorsque nous étions aussi haut que lui...
 
Le génie des adultes, autant que leur bêtise, leur médiocrité ou leur noirceur, ne sont nullement conditionnés par leur enfance.
 
Tous les hommes nés sur Terre ont vécu cette période d’insouciance. Avec son lot de banalités réelles et de merveilles imaginaires.
 
En réalité tous les petits humains, qu’ils soient Léonard de Vinci ou fils de Dupont, sont ordinaires parce que semblables, porteurs d’universelle légèreté, acteurs d’identiques sottises, égaux dans leurs drôles de joies et vertes pensées.
 
Voués à devenir rois ou gueux, doués ou non, sages ou vifs, ternes ou éclatants, tous les bambins se ressemblent.

Et c’est peut-être cela finalement le vrai trésor de leur vie : la fraîcheur et la lumière de leurs premières années.

52 - Lanza Del Vasto

Il n'était ni de droite formelle ni manifestement de gauche. Mais tout au contraire verticalement céleste.

 Plus haut que nos faiblesses, plus fort que notre siècle, plus beau que nos médiocrités, il rayonnait de noblesse.
 
Il ne maniait pas la langue de bois, il crachait des flammes de paix qui font mouche et qui font mal aujourd'hui encore.
 
Il ne plaît pas plus, de nos jours, aux foules endormies puisqu'il disait la vérité.
 
Rien que le juste, le vrai, le bon.
 
Non celle, universellement adoptée, qui caresse les lâches, conforte les paresseux, convainc les sots.
 
Mais l'autre, celle qui est exigence , dureté, sacrifice.
 
Ce n'était pas un benêt pacifiste mais un guerrier de la cause humaine.
 
Sa pensée n'était pas un mol édifice de niaiseries lénifiantes en vogue, purement théoriques, mais un sabre qui tranche toujours aussi net la langue des menteurs !
 
S'il n'aimait pas la guerre au point de se mettre à dos la folle humanité, c'est parce qu'il lui avait déclaré son amour. A l'humanité.
 
Il se moquait que vous soyez d'un camp ou de l'autre, un ami ou un adversaire, un croyant ou un mécréant : il ne voulait que la lumière de votre âme, le meilleur de votre être, l'azur de votre coeur.
 
Et peut-être aussi votre baiser de feu en échange de ses paroles de fou.

Il se nommait Lanza Del Vasto.

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